vendredi 11 février 2011

Théorie de l'Information : la singularité de l' approche théorético-informationnelle de la théorie quantique


Je dois à Olivier Penelaud (blog cité ci-contre) ma rencontre avec la thèse d'Alexis Grinbaum (AG) sur Le Rôle de l'Information dans la Théorie Quantique.(2004).
Il s'agit en fait d'une approche théorético-informationnelle qui à partir de quelques concepts (système, fait, information) et deux pré-supposés fondamentaux élabore une axiomatique informationelle (7 axiomes) dont la dérivation permet de retrouver le formalisme de la théorie quantique, voire d'introduire certains résultats génériques en physique et en mathématiques.

L'approche de AG n'est pas au sens strict une théorie de la mesure, dont les problèmes restent entiers ici, car il prend soin de se placer "après". Il pose, d'après Wheeler, que "l’ensemble de toutes les théories est décrit sous forme cyclique comme une boucle." Ensuite, il pose que "chaque description théorique particulière peut être obtenue à partir de la boucle par une opération consistant en sa coupure.(...) Une fois la coupure donnée, certains éléments de la boucle deviennent l’objet d’étude de la théorie, d’autres restent dans la méta-théorie de cette théorie." Ce concept de coupure séparant objet et sujet rejoint Martin et sa citation de Von Neumann qui précisait que l'endroit de la séparation entre objet et sujet n'a aucune espèce d'importance quant à la validité des axiomes retenus (pour la théorie quantique vue ici comme une théorie particulière de l'information). Ces deux pré-supposés (boucle et coupure) de AG dissolvent selon lui le problème de la mesure car ce dernier (le problème du choix in fine rappelons le) aboutit à une erreur logique.
D'une certaine manière, ces deux pré-supposés de Alexis Grinbaum dans sa thèse se rapprochent d'une double vue complémentaire : une interdépendance absolue ET une co-dépendance relative de toute entité entre elles, le ET est bien inclusif, au sens de la logique de Stéphane Lupasco par exemple. L'absolu est ici représenté par la boucle des descriptions, dont on ne peut sortir de manière logique, et le relatif est représenté par la coupure qui définit ainsi de facto un triplet : explanans, explanandum et bien sûr l'interface qu'il est possible de voir soit comme un fermé (exclusif), soit comme un ouvert (inclusif), selon la logique métaphysique exposée.
Enfin, pour AG, l'information est sur la boucle diamétralement opposée à la théorie physique que l'on souhaite étudier et fait partie ainsi des concepts méta-théoriques (avec système et fait). Précisons ici qu'un fait est un résultat de mesure, c'est donc une information particulière, liée à la notion de temps. Ici, AG relie Observateur/Agent Informationnel/Information/Méta-Théorie d'un côté de la coupure et Objet Observé/Système Physique/Théorie de l'autre côté. AG introduit même, sans s'y référer explicitement la notion de complémentarité vue au sens de Bohr/Lupasco, c'est à dire qu'il expose clairement que d'un côté de la coupure existe une actualisation et de l'autre côté une potentialisation, des mêmes entités ! Ainsi, chaque système potentialise une information comme cette dernière actualise de fait un système et réciproquement. AG nomme ce processus logique pour sa part la "contextualité méta-théorique" des 2 premiers axiomes. Je l'interprète pour ma part comme un schéma plongé dans une logique lupascienne.

Les deux premiers axiomes informationnels de la thèse d'AG sont les suivants :

1. Il existe une quantité maximale de l’information pertinente qui peut être extraite d’un système.
2. Il est toujours possible d’acquérir une information nouvelle à propos d’un système.

Ces 2 premiers axiomes permettent la reconstruction du formalisme de la théorie quantique.

Il est très intéressant de noter ici que l'axiome 2 décrit une continuité, un flux, une possibilité inconditionnelle de mesurer, d'acquérir une information non encore acquise. Quand l'axiome 1 décrit la possibilité (méta-théorique) d'acquérir une pertinence informationnelle, suite à un état maximal d'informations obtenu d'un système. L'axiome 1 décrit ici une discontinuité, un effet de seuil, une rupture informationnelle par rapport à l'axiome 2 et les deux ne sont pas contradictoires dans la mesure où la nouveauté peut déconstruire la pertinence précédente.

Ces deux premiers axiomes sont très puissants et très généraux puisque à l'origine d'une théorie de l'information générale dont la singularité ne viendra par construction que des axiomes suivants (3 à 7) pour aboutir à la théorie quantique.

Ils donnent un sens et donc une pertinence très précise dans sa construction à la notion même de pertinence et donc de sens à l'information en général !


à suivre...

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