Discontinuité.
C'est un mot qui paraît simple. Le contraire de continuité. C'est un mot difficile pourtant à appréhender. Je crains en effet qu'il ne s'approche que par son ombre, par ce qu'il n'est pas, par ce qu'il ne contient pas, par ce qu'il ne définit pas.
Essayons.
Il vient le mot "saut". Lorsque cela est discontinu, cela "saute". Un exemple en mathématiques : la fonction partie entière sur R qui associe à chaque réel l'entier correspondant (à sa partie entière!). Cette fonction est discontinue et elle fait des "sauts". Une visualisation de cette fonction ici.
Pour imaginer ce que cela veut dire, imaginons être le résultat d'une telle fonction. A un moment, nous sommes en un endroit, le moment d'après, nous sommes en un autre. Entre les deux, il n'y a rien. Mais vraiment rien. Le problème principal avec le "rien" c'est qu'il est très difficile de le saisir puisque justement, il est par définition insaisissable. Vous êtes la fonction partie entière, vous êtes en 2, vous avancez tranquillement, et puis d'un coup vous êtes en 3. Vous recommencez plus doucement, vous revenez en 2, vous restez très attentif à ce que vous ressentez, vous avancez très doucement et puis d'un coup vous êtes en 3. Vous n'avez toujours rien vu et rien compris. Vous ne pouvez pas prendre avec vous le rien. Pour le saisir, il faut prendre du recul et faire des mesures. En mesurant, vous vérifiez qu'effectivement votre mouvement est fait de "marches", des 1, des 2, des 3 etc mais rien entre les deux.
C'est difficile à concevoir car dans notre monde macroscopique, nous avons le sentiment qu'il existe une continuité dans le "mouvement" des phénomènes que nous percevons. Votre paysage extérieur n'est pas fait de hachures noires et de hachures colorées, lorsque vous entendez un son, vous avez le sentiment d'écouter un flot, pas des hachures de sons inaudibles (!).
Et pourtant.
La discontinuité doit s'appréhender avec son contradictoire selon S. Lupasco, la triade ainsi formée est riche de tous les possibles et permet mieux de cerner une notion "dynamique" : {discontinuité; continuité; T}. Le tiers inclus du couple continu/discontinu peut s'approcher par le concept de "seuil". Le seuil regroupe les acceptions suivantes : base (base de porte, de cadre), limite (ce qui revient au même), zone de contact, interface (qui souligne bien la nécessité d'une coupure entre deux milieux, deux "objets") mais aussi effet cumulatif (dans effet de seuil) qui permet d'adjoindre alors au mot les concepts de "binarité" (0, 1) voire d'"émergence", c'est à dire de "rupture" et de "niveau de réalité". Le "seuil" apparait alors effectivement un mot assez juste pour se trouver couplé avec continu/discontinu et le triplet/triade ainsi formé {continu;discontinu;seuil} suffisamment complet et consistant pour en saisir les sens.
Examinons maintenant chaque membre de la triade en fonction des deux autres.
Le "continu" est très intuitif, il est cependant délicat de s'en saisir vraiment séparément. En mathématiques, la continuité nécessite la notion d'un seuil voire d'un point et d'une limite selon les définitions (nous laissons à plus tard les notions plus générales liées à la topologie comme la notion d'image (réciproque, directe) et d'adhérence qui "contiennent" toujours in fine les premières notions plus "métriques"). Nous voyons bien de manière simple que définir le "continu" nécessite le couplage avec le "seuil". Le couple ainsi formé renvoie immédiatement au "discontinu". Enfin, coupler le continu avec le discontinu renvoie aussi au seuil qui les délimite ! Il apparait donc logiquement que le concept de "continu" ne peut se passer de son exact contraire ni du "seuil".
Examiner le seuil, comme nous l'avons déjà réalisé plus haut, c'est le coupler immédiatement à un continu et ce couplage définit assez remarquablement bien un discontinu !
Au final, étudier le discontinu revient à s'emparer de la sémantique déjà exposée du continu et du seuil.
De manière dynamique, analyser la triade {continu; discontinu; seuil} revient à exposer un nombre infini d'états "mesurables", observables, saisissables, des trois mots corrélés ensemble. Dit autrement, un ensemble de combinaisons possibles comme autant d'infinies subtilités de sens que renferment ces trois mots. Il n'est plus concevable alors de parler ou d'écrire un seul mot de la triade sans se référer immédiatement aux deux autres : l'implicite du mot devient l'explicite de la triade.
De cette dynamique s'extrait facilement la dernière acception du mot seuil : "effet de seuil", utilisé en sciences pour désigner l'apparition d'un phénomène à partir d'une valeur donnée d'une variable. Cet effet de seuil marque bien, dans un phénomène continu qui croît ou décroît, l'émergence d'une discontinuité à une valeur donnée, à partir d'un seuil, quoi ! Mais cette acception ajoute la notion de rupture, voire de niveau de réalité et de causalité. Car un "nouveau" phénomène apparait au delà du seuil, par une discontinuité, une rupture, un saut, sur la continuité pré-existante. Ce phénomène était potentiel, il devient actuel. Sa "nouveauté" réside en fait dans son passage du potentiel à l'actuel, dans son passage par le seuil. Ce seuil, en l'actualisant, en l'amplifiant, le coupe de manière irréductible et le place ainsi dans un autre "niveau de réalité" (selon B. Nicolescu). La triade lupascienne contient donc toujours ce saut qui en fait un système irrémédiablement ouvert. J'ai, plus haut, caractérisée la triade de système complet : oui, le système est bien "complet" et "ouvert".
Et que devient la causalité ? La causalité est elle contenue dans la triade, ou bien est elle un "principe" posé a priori ?
Si nous reprenons les concepts de S. Lupasco enrichis par B. Nicolescu, nous dégageons de la triade un système auto-consistant mais ouvert. L'ouverture peut être itérée infiniment jusqu'à un méta-système toujours ouvert où le tiers inclus joue le rôle d'invariant structurant l'isomorphisme des deux contradictoires. (voir Tiers Inclus : logique, ontologique et amour). Le Tiers inclus est irréductiblement contradictoire et donc totalement indéterminé : cela semble très analogue à ce qui existerait derrière la "porte" du vide quantique de la physique, ce fameux vide qui est plein (voir Le vide est plein.). Cela semble analogue à l'affectivité mais S. Lupasco jugeait cette dernière comme un "en-soi absolu" et "alogique" et n'a jamais voulu identifier celle-ci au tiers inclus (là où moi, allègrement, je franchis le rubicond dans mon article déjà cité). Il est vrai que l'identification est pour Lupasco un cas particulier d'une relation entre deux contradictoires ! Le tiers inclus reste ainsi "secret" selon les propres mots de B. Nicolescu qui le rapproche du sacré, de l'irrationnel, du mystère irréductible, de la zone irréductible de non-résistance. Ce tiers inclus, en formant l'unité avec le couplage des deux contradictoires, ferme et ouvre à la fois. Stéphane Lupasco a semble t il toujours refusé de considérer que l'alogique pouvait entrer dans la logique, ce que Basarab Nicolescu, en convoquant Gödel, a pourtant réalisé.
Ainsi dans la triade, aucun "tiers" n'est à l'origine/finalité d'un autre tiers car nous l'avons bien compris, le tiers inclus lui-même est insaisissable sans les deux contradictoires qu'il unifie. Il s'agit bien de la discontinuité la plus irréductible qui soit ! Le "système" ouvert ainsi défini semble intégrer l'a-causalité et la causalité dans une non-contradiction "parfaite".
Mais que sont alors la causalité, l'orientation, le temps ? Des a priori ou des a postériori ?
Pour tenter, d'une singularité, de relier des savoirs, d'élaborer une complexité et de la transmettre...
Affichage des articles dont le libellé est Causalité. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Causalité. Afficher tous les articles
jeudi 11 mars 2010
lundi 22 février 2010
Relience I
Chaos et Imprédictibilité se termine sur un désir de se tourner vers le présent pour assoir nos convictions sur le réel.
La mort est une transition quantique , outre le fait qu'il illustre un univers déjà réalisé dans ses potentialités, nous ramène également à la saisie de l'ici et maintenant.
Le temps de la lumière..., nous invite à réaliser que l'étude des limites en sciences est féconde pour la représentation et la compréhension des phénomènes. En l'espèce, se confronter à la lumière (énergie sans masse) nous amène à la représentation d'une réalité comme des champs étendus sur l'espace-temps. Et immédiatement, à une vue hors de cette limite physique construite et validée. Et, par mise en abyme, à un mouvement permanent de connaissance grâce à la lumière !
Systèmes quantiques et frontières nous confronte à la nécessité d'accéder à un autre niveau de conscience pour nous représenter intuitivement la réalité telle que décrite par la mécanique quantique. Cet article nous pousse, en admettant la non séparation du réel, à envisager soit une torsion permanente dans l'analyse entre objet et sujet, soit la nécessité d'une connaissance sans distance, immédiate et fondamentalement holistique.
Quand l'imprécision..., met le doigt sur le déni fondamental de l'humain ( à savoir l'insoutenable incertitude de la connaissance à distance de la réalité) et saborde du même coup notre confiance scientifique en l'instant présent tout en nous invitant à puiser dans nos peurs et en l'amour pour tenter cette saisie du réel.
Quand le futur détermine...., nous confronte au principe de causalité et nous laisse entrevoir cependant que la science est apte à affronter ses propres paradoxes pour répondre à nos questions existentielles.
Echelles, Nombres et Perception nous laisse voir que in fine, cette dernière est reliée à l'affectif et que ce dernier semble seul capable d'embrasser la complexité.
L'ombre du savoir met en évidence la complémentaire dichotomie entre saisie et compréhension du réel (sorte de principe de complémentarité ?) par l'illustration d'une nécessaire expérimentation dissynchonique révélatrice d'une transmission et d'un désir.
Ainsi, en opposant/rapprochant deux modes d'appréhension complémentaires du réel (basiquement décrits en neurobiologie ou en psychologie par l'organisation bi-hémisphérique de notre cerveau : langage et analyse d'un côté et émotion et connaissance non verbale de l'autre) il est possible d'affronter les paradoxes de l'espace-temps dans lequel nous semblons vivre.
Développons...
La mort est une transition quantique , outre le fait qu'il illustre un univers déjà réalisé dans ses potentialités, nous ramène également à la saisie de l'ici et maintenant.
Le temps de la lumière..., nous invite à réaliser que l'étude des limites en sciences est féconde pour la représentation et la compréhension des phénomènes. En l'espèce, se confronter à la lumière (énergie sans masse) nous amène à la représentation d'une réalité comme des champs étendus sur l'espace-temps. Et immédiatement, à une vue hors de cette limite physique construite et validée. Et, par mise en abyme, à un mouvement permanent de connaissance grâce à la lumière !
Systèmes quantiques et frontières nous confronte à la nécessité d'accéder à un autre niveau de conscience pour nous représenter intuitivement la réalité telle que décrite par la mécanique quantique. Cet article nous pousse, en admettant la non séparation du réel, à envisager soit une torsion permanente dans l'analyse entre objet et sujet, soit la nécessité d'une connaissance sans distance, immédiate et fondamentalement holistique.
Quand l'imprécision..., met le doigt sur le déni fondamental de l'humain ( à savoir l'insoutenable incertitude de la connaissance à distance de la réalité) et saborde du même coup notre confiance scientifique en l'instant présent tout en nous invitant à puiser dans nos peurs et en l'amour pour tenter cette saisie du réel.
Quand le futur détermine...., nous confronte au principe de causalité et nous laisse entrevoir cependant que la science est apte à affronter ses propres paradoxes pour répondre à nos questions existentielles.
Echelles, Nombres et Perception nous laisse voir que in fine, cette dernière est reliée à l'affectif et que ce dernier semble seul capable d'embrasser la complexité.
L'ombre du savoir met en évidence la complémentaire dichotomie entre saisie et compréhension du réel (sorte de principe de complémentarité ?) par l'illustration d'une nécessaire expérimentation dissynchonique révélatrice d'une transmission et d'un désir.
Ainsi, en opposant/rapprochant deux modes d'appréhension complémentaires du réel (basiquement décrits en neurobiologie ou en psychologie par l'organisation bi-hémisphérique de notre cerveau : langage et analyse d'un côté et émotion et connaissance non verbale de l'autre) il est possible d'affronter les paradoxes de l'espace-temps dans lequel nous semblons vivre.
Développons...
Libellés :
Causalité,
Champ,
Complémentarité,
Connaissance,
Conscience,
Désir,
Holisme,
Lumière,
Perception Sensorielle,
Potentialisation,
Présent,
Relience,
Transmission
samedi 13 février 2010
Quand le futur détermine le passé...
Dés le début, la mécanique quantique a heurté.
Même les pères fondateurs de cette théorie n'ont pas pu s'empêcher de la tordre et de vouloir la plier à leurs idéologies, leurs croyances. Max Planck est à l'origine de l'idée du quanta d'énergie (en travaillant sur le rayonnement émis par un corps chauffé), mais dans une perception ondulatoire de celle ci, en accord avec toutes les interprétations officielles dues à Young, Huygens, Euler, Fresnel, Faraday et Maxwell en cours depuis trois siècles déjà. Il a cependant souhaité toute sa vie ne voir dans cette hypothèse "désespérée" qu'un artifice mathématique pour éviter de vivre avec cette idée d'une énergie discontinue de la matière tant elle heurtait son sens commun, son idéal peut-être aussi.
Lorsque Einstein, en travaillant sur l'effet photoélectrique, démontre que la lumière est aussi constituée de quanta d'énergie, il participe ainsi à l'émergence plus tard du travail de Schrödinger sur la fonction d'onde. Mais quand Max Born propose l'interprétation probabiliste de cette fonction d'onde, cela heurte un grand nombre de physiciens, dont Einstein et Schrödinger lui-même. C'est la raison pour laquelle ce dernier invente cette expérience de pensée dite du chat, pour tenter de démontrer l'absurdité d'une telle interprétation probabiliste et donc d'une incomplétude de la théorie de cette mécanique quantique !
Si la mécanique quantique a heurté depuis toujours les convictions les plus intimes des physiciens eux-mêmes, comment voulez vous qu'elle ne heurte pas le simple humain, dénué de bagages scientifiques et armé de son seul bon sens ?
Albert Einstein est si résolu à ne pas accepter le caractère probabiliste et donc non déterministe de la mécanique quantique qu'il imagine avec deux collègues (Podolsky et Rosen), en 1935, une expérience de pensée pour prendre la théorie en flagrant délit d'incomplétude. C'est la fameuse expérience EPR.
En 1964, John Bell fait de cette spéculation métaphysique une proposition vérifiable expérimentalement. Il démontre ainsi que si le paradoxe EPR est correct, alors ses inégalités (inégalités de Bell) sont violées. Il aura fallu attendre les années 1980 pour que Alain Aspect et son équipe effectuent une série d'expériences pour calculer les fameuses inégalités de Bell et donc répondre au paradoxe EPR. Des expériences plus récentes ont de même augmenté la précision des mesures et ont toujours donné la même réponse : les inégalités de Bell sont violées, la théorie de la mécanique quantique est donc complète et nous impose de voir la réalité différemment, au delà de notre bon sens !
La réalité est donc non-locale.
La réalité est que l'espace possède un caractère holistique.
La réalité est que RIEN ne permet formellement de distinguer un objet d'un autre.
La réalité se comprend en terme d'interconnexion, d'interdépendance.
La réalité de l'espace apparaît discontinue, quantifiée, bien que pour l'étudier, nous ayons choisi depuis toujours des outils et des raisonnements basés sur la continuité.
Pourquoi avoir fait ces choix initiaux ? Tout bêtement parce que ces raisonnements apparaissaient plus proches du "bon sens" et surtout plus simples à étudier; les outils physiques et mathématiques donnaient des résultats plus simples et plus rapides à calculer !
Partant de ce constat, comment imaginer alors un espace formalisé par des opérateurs discontinus ? Est ce d'ailleurs aussi simple que cela ? N'y aurait il pas "intrication" entre continuité et discontinuité ?
Certains développements récents en physique théorique se sont penchés sur ces questions : espace basé sur des fonctions non différentiables, espace basé sur une géométrie non commutative, par exemple, pour tenter de reformaliser l'ensemble de la physique à partir d'une autre métrique. A ce jour, et tout du moins à ma connaissance, aucun autre concept majeur n'a été validé par l'expérience.
Mais........l'espace, dans notre univers 4D, est aussi lié au temps, non ? Alors, qu'en est il de la réalité du temps en fin de compte ?
John Wheeler, physicien théoricien, a imaginé de modifier la célèbre expérience d'optique des Fentes de Young, dans une version dite "du choix retardé du photon". Son expérience est parfaitement relaté par Trinh Xuan Thuan dans "Les voies de la Lumière" mais aussi fort bien explicité par François Martin dans sa conférence à Génève en février 2009 (déjà cité). Cette expérience a été vérifié en 1987 et 2007 notamment.
Bien évidemment, les physiciens dans leur majorité ne veulent pas interpréter les résultats de cette expérience car cela remet ou semble remettre trop en cause la fameuse causalité, la flèche "classique" du temps.
Suivant en cela John von Neumann (à son époque), François Martin déclare nettement qu'il n'y a pas deux réalités de temps différentes (l'une à l'échelle microscopique et l'autre à l'échelle macroscopique) mais bien deux interprétations différentes d'une unique réalité.
La première interprétation, qui choque notre "bon sens" est "classique" et nous contraint à oser écrire que l'observateur, en modifiant un paramètre de l'expérience, lorsque celle ci est en cours, va modifier le passé du photon. Autrement et trivialement dit : le futur détermine le passé ! D'autant plus que Wheeler a montré que cette expérience peut s'imaginer de manière analogue, non pas en laboratoire, sur des temps très petits, mais dans l'espace stellaire, en interceptant un faisceau de photons qui a pris sa source il y a des millions voire des milliards d'année ! La causalité des évènements en prend un coup !
La deuxième interprétation est "quantique" et nous propose que en modifiant un paramètre de l'expérience, alors que celle-ci est en cours, (le photon, en l'espèce, a été émis par sa source), nous modifions uniquement la reconstitution "classique" du passé du photon (tel que notre conscience le perçoit) et pas le passé "quantique", le "vrai" passé du photon. Nous respectons la causalité des évènements.
Explications : La mécanique quantique nous propose deux "plans" de la réalité : l'une "quantique" où la particule suit un mouvement entièrement déterminée par la fonction d'onde. Mais ce mouvement n'est pas interprétable, il n'est finalement imputable ni à une onde, ni à une particule. Il est là. Que peut on en dire d'autres ? En l'espèce, le photon existe en une superposition d'états quantiques évoluant de manière déterministe. On peut aussi parler de champ électromagnétique quantique étendu sur tout l'espace-temps, donc non localisable strictement, ni dans l'espace, ni dans le temps. Il n'existe pas, à ce jour, dans la métaphysique occidentale dominante, de représentations, d'images, de symboles, autres que l'opérateur mathématique, qui puisse, par analogie, faire comprendre simplement ce qui se passe là. Richard Feynman avait pris comme image : la particule prend tous les chemins possibles (potentiels) et il avait réussi à trouver une approche de calcul très innovante grâce à cette analogie : la fameuse "intégrale de chemin".
Dans ce plan "quantique" de la réalité, quoi que l'observateur fasse à n'importe quel moment de l'expérience en cours, rien ne change pour la particule, son "passé" n'est pas bouleversé, son avenir non plus a contrario.
En revanche, dans le plan "classique" de la réalité, celui relié à notre conscience éveillée, celui relié à la mesure physique, à la détection du champ électromagnétique, à la détection de la particule, nous pouvons décider du chemin pris par la particule en fonction de l'action que nous opérons sur l'expérience. C'est à dire que notre observation va opérer un choix et dans le cas de cette expérience du photon retardé, nous aurons l'illusion de modifier le "passé" du photon, mais en réalité, nous modifions seulement notre perception "classique" de ce passé. Nous faisons des choix, en observant la particule, en faisant une mesure, sur la reconstruction "classique" du passé du photon. Le passé "classique" n'existe qu'à partir du moment où il a été enregistré au présent. Cette interprétation conserve la causalité des évènements car pour l'évènement lui-même, il y a détermination complète, mais pour l'observateur, il y a indétermination du passé et c'est son acte, son geste d'observation qui va lever l'indétermination.
En fait, cette interprétation en deux plans permet d'éviter le paradoxe de la particule qui "remonte" le temps, la causalité inverse (la conséquence est avant la cause) et renvoie "dos à dos" l'objet observé dans "sa" réalité quantique déterministe, et le sujet observant dans "sa" réalité "classique" probabiliste. Cette interprétation métaphysique (dans la mesure où évidemment, elle dépasse le strict point de vue "physique" et opérationnelle du calcul), à l'envers du point de vue dominant, se veut en fait très proche du point de vue psychologique de la saisie du monde. Pour illustrer son propos, François Martin de Volnay convoque ainsi l'inconscient, le conscient et les synchronicités (telles que définies par Carl Jung).
Alors, le futur détermine t il réellement le passé ou bien est ce seulement une illusion ?
Même les pères fondateurs de cette théorie n'ont pas pu s'empêcher de la tordre et de vouloir la plier à leurs idéologies, leurs croyances. Max Planck est à l'origine de l'idée du quanta d'énergie (en travaillant sur le rayonnement émis par un corps chauffé), mais dans une perception ondulatoire de celle ci, en accord avec toutes les interprétations officielles dues à Young, Huygens, Euler, Fresnel, Faraday et Maxwell en cours depuis trois siècles déjà. Il a cependant souhaité toute sa vie ne voir dans cette hypothèse "désespérée" qu'un artifice mathématique pour éviter de vivre avec cette idée d'une énergie discontinue de la matière tant elle heurtait son sens commun, son idéal peut-être aussi.
Lorsque Einstein, en travaillant sur l'effet photoélectrique, démontre que la lumière est aussi constituée de quanta d'énergie, il participe ainsi à l'émergence plus tard du travail de Schrödinger sur la fonction d'onde. Mais quand Max Born propose l'interprétation probabiliste de cette fonction d'onde, cela heurte un grand nombre de physiciens, dont Einstein et Schrödinger lui-même. C'est la raison pour laquelle ce dernier invente cette expérience de pensée dite du chat, pour tenter de démontrer l'absurdité d'une telle interprétation probabiliste et donc d'une incomplétude de la théorie de cette mécanique quantique !
Si la mécanique quantique a heurté depuis toujours les convictions les plus intimes des physiciens eux-mêmes, comment voulez vous qu'elle ne heurte pas le simple humain, dénué de bagages scientifiques et armé de son seul bon sens ?
Albert Einstein est si résolu à ne pas accepter le caractère probabiliste et donc non déterministe de la mécanique quantique qu'il imagine avec deux collègues (Podolsky et Rosen), en 1935, une expérience de pensée pour prendre la théorie en flagrant délit d'incomplétude. C'est la fameuse expérience EPR.
En 1964, John Bell fait de cette spéculation métaphysique une proposition vérifiable expérimentalement. Il démontre ainsi que si le paradoxe EPR est correct, alors ses inégalités (inégalités de Bell) sont violées. Il aura fallu attendre les années 1980 pour que Alain Aspect et son équipe effectuent une série d'expériences pour calculer les fameuses inégalités de Bell et donc répondre au paradoxe EPR. Des expériences plus récentes ont de même augmenté la précision des mesures et ont toujours donné la même réponse : les inégalités de Bell sont violées, la théorie de la mécanique quantique est donc complète et nous impose de voir la réalité différemment, au delà de notre bon sens !
La réalité est donc non-locale.
La réalité est que l'espace possède un caractère holistique.
La réalité est que RIEN ne permet formellement de distinguer un objet d'un autre.
La réalité se comprend en terme d'interconnexion, d'interdépendance.
La réalité de l'espace apparaît discontinue, quantifiée, bien que pour l'étudier, nous ayons choisi depuis toujours des outils et des raisonnements basés sur la continuité.
Pourquoi avoir fait ces choix initiaux ? Tout bêtement parce que ces raisonnements apparaissaient plus proches du "bon sens" et surtout plus simples à étudier; les outils physiques et mathématiques donnaient des résultats plus simples et plus rapides à calculer !
Partant de ce constat, comment imaginer alors un espace formalisé par des opérateurs discontinus ? Est ce d'ailleurs aussi simple que cela ? N'y aurait il pas "intrication" entre continuité et discontinuité ?
Certains développements récents en physique théorique se sont penchés sur ces questions : espace basé sur des fonctions non différentiables, espace basé sur une géométrie non commutative, par exemple, pour tenter de reformaliser l'ensemble de la physique à partir d'une autre métrique. A ce jour, et tout du moins à ma connaissance, aucun autre concept majeur n'a été validé par l'expérience.
Mais........l'espace, dans notre univers 4D, est aussi lié au temps, non ? Alors, qu'en est il de la réalité du temps en fin de compte ?
John Wheeler, physicien théoricien, a imaginé de modifier la célèbre expérience d'optique des Fentes de Young, dans une version dite "du choix retardé du photon". Son expérience est parfaitement relaté par Trinh Xuan Thuan dans "Les voies de la Lumière" mais aussi fort bien explicité par François Martin dans sa conférence à Génève en février 2009 (déjà cité). Cette expérience a été vérifié en 1987 et 2007 notamment.
Bien évidemment, les physiciens dans leur majorité ne veulent pas interpréter les résultats de cette expérience car cela remet ou semble remettre trop en cause la fameuse causalité, la flèche "classique" du temps.
Suivant en cela John von Neumann (à son époque), François Martin déclare nettement qu'il n'y a pas deux réalités de temps différentes (l'une à l'échelle microscopique et l'autre à l'échelle macroscopique) mais bien deux interprétations différentes d'une unique réalité.
La première interprétation, qui choque notre "bon sens" est "classique" et nous contraint à oser écrire que l'observateur, en modifiant un paramètre de l'expérience, lorsque celle ci est en cours, va modifier le passé du photon. Autrement et trivialement dit : le futur détermine le passé ! D'autant plus que Wheeler a montré que cette expérience peut s'imaginer de manière analogue, non pas en laboratoire, sur des temps très petits, mais dans l'espace stellaire, en interceptant un faisceau de photons qui a pris sa source il y a des millions voire des milliards d'année ! La causalité des évènements en prend un coup !
La deuxième interprétation est "quantique" et nous propose que en modifiant un paramètre de l'expérience, alors que celle-ci est en cours, (le photon, en l'espèce, a été émis par sa source), nous modifions uniquement la reconstitution "classique" du passé du photon (tel que notre conscience le perçoit) et pas le passé "quantique", le "vrai" passé du photon. Nous respectons la causalité des évènements.
Explications : La mécanique quantique nous propose deux "plans" de la réalité : l'une "quantique" où la particule suit un mouvement entièrement déterminée par la fonction d'onde. Mais ce mouvement n'est pas interprétable, il n'est finalement imputable ni à une onde, ni à une particule. Il est là. Que peut on en dire d'autres ? En l'espèce, le photon existe en une superposition d'états quantiques évoluant de manière déterministe. On peut aussi parler de champ électromagnétique quantique étendu sur tout l'espace-temps, donc non localisable strictement, ni dans l'espace, ni dans le temps. Il n'existe pas, à ce jour, dans la métaphysique occidentale dominante, de représentations, d'images, de symboles, autres que l'opérateur mathématique, qui puisse, par analogie, faire comprendre simplement ce qui se passe là. Richard Feynman avait pris comme image : la particule prend tous les chemins possibles (potentiels) et il avait réussi à trouver une approche de calcul très innovante grâce à cette analogie : la fameuse "intégrale de chemin".
Dans ce plan "quantique" de la réalité, quoi que l'observateur fasse à n'importe quel moment de l'expérience en cours, rien ne change pour la particule, son "passé" n'est pas bouleversé, son avenir non plus a contrario.
En revanche, dans le plan "classique" de la réalité, celui relié à notre conscience éveillée, celui relié à la mesure physique, à la détection du champ électromagnétique, à la détection de la particule, nous pouvons décider du chemin pris par la particule en fonction de l'action que nous opérons sur l'expérience. C'est à dire que notre observation va opérer un choix et dans le cas de cette expérience du photon retardé, nous aurons l'illusion de modifier le "passé" du photon, mais en réalité, nous modifions seulement notre perception "classique" de ce passé. Nous faisons des choix, en observant la particule, en faisant une mesure, sur la reconstruction "classique" du passé du photon. Le passé "classique" n'existe qu'à partir du moment où il a été enregistré au présent. Cette interprétation conserve la causalité des évènements car pour l'évènement lui-même, il y a détermination complète, mais pour l'observateur, il y a indétermination du passé et c'est son acte, son geste d'observation qui va lever l'indétermination.
En fait, cette interprétation en deux plans permet d'éviter le paradoxe de la particule qui "remonte" le temps, la causalité inverse (la conséquence est avant la cause) et renvoie "dos à dos" l'objet observé dans "sa" réalité quantique déterministe, et le sujet observant dans "sa" réalité "classique" probabiliste. Cette interprétation métaphysique (dans la mesure où évidemment, elle dépasse le strict point de vue "physique" et opérationnelle du calcul), à l'envers du point de vue dominant, se veut en fait très proche du point de vue psychologique de la saisie du monde. Pour illustrer son propos, François Martin de Volnay convoque ainsi l'inconscient, le conscient et les synchronicités (telles que définies par Carl Jung).
Alors, le futur détermine t il réellement le passé ou bien est ce seulement une illusion ?
Libellés :
Causalité,
Chat de Schrödinger,
Complémentarité,
Continuité/Discontinuité,
Espace-Temps,
Expérience EPR,
Fonction d'Onde,
Futur,
Holisme,
Passé,
Sujet/Objet,
Temps psychique
Inscription à :
Articles (Atom)