vendredi 26 août 2011

Sur-efficience : pour un nouveau modèle heuristique...

à l'écoute :Maureen de Joy Denalane.

Dans Surdoué, HPI, de l'a-normalité à l'heuristique, j'ai relié un certain nombre de notions qui sont peut-être passés inaperçues à l'époque (juin 2010) et pourtant cet article a formalisé ma réflexion jusque aujourd'hui. L'heuristique dont je parlais étant in fine en cours d'élaboration... Or, que décrit précisément cet article ?

1) l'invariant que relève N. Lygéros est que la relation qu'entretient la société avec les dé- comme avec les sur- efficients crée de facto une objectivation, - une construction sociale - , similaire. Le traitement social appliqué aux uns comme aux autres est le même, unique selon cet auteur et fonde, pour ne point dire génère, le sentiment d'échec dans ces deux populations. Dit autrement, le rapport à la norme sociale chez un individu lambda de ces deux populations est identique/analogue et décrit exactement un ou des écarts mesurables par chacun : écart entre ce qu'il faudrait être (selon la norme) et ce qu'on pourrait être (selon ses désirs, rêves, intentions...). J'ajouterais ici que l'écart peut être mesuré à la fois de l'intérieur (mode comparatif externalisé des ressentis de la personne) que par l'extérieur (mode comparatif des signes cliniques/psychologiques relevés par un psychothérapeute) aussi bien chez le sur-efficient que chez le dé-ficient et je postule ici, en suivant N. Lygéros, que si la "norme" (au sens mathématique) de l'écart à la norme sociale est "identique", son "sens" , sa "valorisation" sociale est inversée.
Selon Lygéros, en effet, cet invariant isole/unie ces deux populations par un diplet d'antagonismes, en l'espèce une relation inversée à la norme. Cette relation parle d'attention et d'intention, de mouvement vers l'autre par la société et de mouvement vers la société par "l'autre" :
"Le paradoxe général, c'est que la société d'une part néglige globalement les enfants surdoués alors que localement tout le monde désire leur reconnaissance et d'autre part elle s'intéresse globalement aux enfants qui ont une déficience alors que localement tout le monde évite leur reconnaissance." 
Nous posons ici clairement trois diplets en relation : (global, local) x (sur-efficient, dé-ficient) x (re-connaissance, ignorance), leurs relations définit la norme sociale en vigueur.
Cette norme conduit la société, selon l'auteur, à de la mal-voyance puis à de la mal-traitance envers les dé- comme les sur- efficients.
Partant d'une vue constructionniste, j'aboutis finalement à une vue relationnelle qu'il est presque aisé de formaliser par une fonctionnelle (mathématique) : les deux groupes de population ici décrits sont isomorphes par leur traitement social.

Je me suis demandé alors s'il existait également un isomorphisme entre les mêmes populations sur le plan neurobiologique, la relation entretenue avec la norme ad hoc ici étant aussi inversée et l'asymétrie constatée permettant alors de discriminer les dé- des sur- efficients...

2) Les travaux de B. Gepner (voir sur ce site) sur le concept de constellation autistique implémentent un continuum entre la personne "normale" (donc "sur" ou "dans" la "norme" sociale concernant l'autisme) et la personne a-normale (donc "malade", atteinte de Troubles Autistiques (TSA)). S. Baron-Cohen (voir sur ce site) a proposé un Quotient du Spectre Autistique (AQ) qui permet de situer les personnes sur un continuum analogue en fonction de leurs potentialités d'atteinte par la même maladie. Les deux démarches reposent de toutes manières sur la même triade symptomatologique caractéristique des TSA (L.Wing) :

  • troubles de la communication verbale et non-verbale
  • troubles des relations sociales
  • centres d'intérêt restreints et/ou des conduites répétitives.
 Les travaux de B. Gepner aboutissent à un modèle ("malvoyance de l'é-motion"), lui même plongé dans le concept binaire de "dissociation psychisme/cerveau". Mais ce modèle reste analogue à un modèle mécanique de physique macroscopique, le dernier concept, plus large, issue des travaux de J. Eccles, même s'il expose des notions de quantique ne déroge pas in fine à cette analogie macroscopique, du moins selon la vue lupascienne qui conceptualise l'isomorphisme entre le quantique/psychique et le tiers inclus. Il en ressort donc que ce modèle définit un "axe", une direction, qui est susceptible d'emprunter deux "sens" tant il est vrai que les troubles définis peuvent être "par excès" ou bien "par défaut" d'une certaine quantité d'une variable donnée.

Je me suis donc demandé dans quelle mesure peut il exister un modèle analogue explicatif du fonctionnement de la "sur-efficience" intellectuelle qui viendrait se coupler/croiser avec le modèle de B. Gepner sur les TSA ?
Le chemin proposé serait le suivant : définir une constellation de la sur-efficience, grâce à une heuristique rassemblant des données issus de trois voies : subjective (expériences racontées par des sur-efficients), intersubjective (expériences cliniques racontés par des proches et/ou des soignants) et objective (expériences scientifiques et statistiques). Le point d'accroche pourrait être analogue à la triade de Lorna Wing pour les TSA et en ce cas, existe t il une telle triade générique définissant la sur-efficience ?

à suivre...

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