vendredi 30 juillet 2010

Paul Klee : Précis de Mécanique Plastique

J'ai visité très récemment l'exposition sur Paul Klee au musée de l'Orangerie à Paris: quelques œuvres de la collection de la fondation Ernst Beyeler, surtout de la fin de la vie du peintre (1879-1940).
Je connaissais très peu la peinture de P.Klee. J'ai cependant été happé par sa personnalité qui ressort des citations et commentaires émaillant l'exposition. Des phrases très connues des professeurs d'Art du monde entier m'ont frappé par leur résonance avec ce qui me traverse ici : cela m'a poussé à acheter et lire "Théorie de l'art moderne", édition de divers textes écrits par Paul Klee, chez Denoël pour la traduction française par P.H. Gonthier (présente édition chez Folio Essais).

Aujourd'hui, Paul Klee est reconnu comme un des peintres majeurs du XXè siècle et sa production est riche de plus de 9800 œuvres dont 4000 environ sont regroupées au Zentrum Paul Klee de Berne. En revanche, ses travaux théoriques sont d'après PH Gonthier mal connus en France et peut-être à cause de "l'humilité du langage de Klee, son laconisme, voire ici ou là une apparence trompeuse de pédanterie [qui] représentent en fait la cristallisation -- épurée parfois jusqu'à l'auto-destruction -- d'une somme incroyable de connaissances, de réflexions, d'informations."

Cet homme, cet artiste, m'est apparu soudain très complexe.

mercredi 28 juillet 2010

La Théorie E-S : Vade-Mecum pour AQ !

Dans Autisme : le complexe Systemising/Empathising, nous avons longuement commenté une partie des travaux de l'équipe de Simon Baron-Cohen (SBC) sur la théorie E-S et l'EMB. Nous avons également présenté les quatre tests principaux (AQ, SQ, SQ-R et EQ), corrélés entre eux, qui permettent à chacun de se situer sur l'échelle du continuum autistique (le fameux "spectre" de Lorna Wing d'où la dénomination en anglais : ASC = Autistic Spectrum Conditions équivalent à TSA = Troubles du Spectre Autistique).

Nous allons ici reprendre simplement les principaux chiffres et tableaux issus d'un ensemble de publications à des fins pratiques d'utilisation individuelle. Passer de tels tests en ligne, c'est bien, mais avoir à disposition ensuite les éléments nécessaires à leur mise en relation, c'est mieux !

vendredi 23 juillet 2010

Autisme : le complexe Systemizing/Empathising de S. Baron-Cohen

 A l'écoute : Blue Note TSF de Dexter Gordon

Dans Je suis né un jour bleu et Austisme : Malvoyance de l'E-motion.., nous avons abordé la question de l'autisme, des troubles de la sphère autistique (TSA). Peu après, une amie nous a relayé les travaux de Simon Baron-Cohen (et collègues) de l'ARC (Autism Research Centre de l'université de Cambridge) sur ces sujets. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux tests d'auto-évaluation créés (puis repris en de nombreuses langues par d'autres professionnels) par cette équipe.

Les tests, c'est toujours évidemment réducteur mais cela permet de "faire" des statistiques, des analyses et de dégager des axes de compréhension d'un spectre complexe. Cela réduit une symptomatologie, cela permet de s'en saisir. En ce sens, c'est à la fois contraire à notre approche ici (la réduction) et à la fois en plein accord (la saisie). Cela reste un ou des modèles, des vues sur ce monde là, ni plus ni moins.
L'auto-évaluation est également une pratique que tout à chacun aime : cela ne sert pas à grand chose la plupart du temps mais c'est si drôle (enfin on rit jaune parfois) de se comparer aux autres dans la société ! Il reste à apprécier dans cet exercice le biais statistique engendré par "l'image de soi" : celui qu'on aimerait être ou celui qu'on croit être (consciemment + inconsciemment) versus celui qu'on est... Dans toute auto-évaluation, il faudrait également être relativement "bête" ou tout au moins très "focalisé" : cela permet d'éviter ce que nous appelons le "syndrome de l'ingénierie inverse" qui consiste au fur et à mesure de l'évaluation d'apprendre ou au moins de subodorer fortement  l'algorithme de conception du test : une telle connaissance biaise évidemment les résultats. Cela nous rappelle furieusement tous les jeux pratiqués solitairement (sans ordinateur !) (jeu de dames, d'échecs, etc..) où le gagnant est la même personne que le perdant (et vice versa).
Bref, et malgré tous ces avertissements, il nous est apparu qu'on peut toujours apprendre en s'amusant, et que des "choses" très "sérieuses" se découvrent d'ailleurs par ce biais là...

mardi 20 juillet 2010

samten et kyené bardo : Monde des Dieux et des Asuras

Nous avons illustré dans Bardo : Au delà de la folie, notre interprétation lupascienne du bardo et des mondes, nous nous en sommes saisis par cette triade ouverte et complète : {monde; mode d'être du bardo; état de bardo}.
Le bardo étant vu par sa nature duale et complémentaire, Chögyam Trungpa l'illustre bien dans les deux conférences qu'il a réalisé en 1971 au USA où il avait choisi à chaque fois une vue différente : ainsi l'une (Allenspark) suit les 6 états de bardo pour dépeindre les 6 mondes quand l'autre ( Karmé-Choling) suit les 6 modes d'être du bardo et leur cycle possible au sein de chaque monde.

Avant de développer plus en avant, nous allons reprendre l'explicitation du bardo et des mondes par la métaphore du "moi". Pour Chögyam Trungpa, "d'abord, il y a l'ignorance fondamentale, consistant à refuser de voir ce que nous sommes..." Ce refus engendre le "soi" : "il faut alors ériger une sorte de mécanisme de défense pour se protéger contre toute découverte  éventuelle de la non-existence de soi." Car cette découverte engendre de la panique et de la paranoïa : "on aimerait bien se voir comme quelqu'un qui ne cesse d'exister, de survivre, d'être continuellement une personne..." Le "moi" est donc un mécanisme de défense.
Lorsque la paranoïa prend de l'ampleur : "il y a possibilité d'établir un rapport par la sensation". "C'est à dire que nous nous engageons dans diverses zones, divers mondes". Ce rapport simple ("bon, mauvais ou neutre") se complexifie ensuite par l'impulsion (mouvement vers l'extérieur). Ensuite, "on essaie de percevoir le résultat de ses actions impulsives. Une sorte de guetteur conscient de lui-même fait son apparition, c'est le surveillant de tout le jeu du moi." Le mouvement en retour vers l'intérieur engendre ce guetteur. CT explicite ici le même jeu dialectique que S. Lupasco : deux mouvements antagonistes nécessaires et suffisants pour engendrer la conscience de la conscience : le "soi".
"La conscience est la dernière étape du développement du moi.(...) essayer de ranger les choses en catégories et leur trouver un sens intellectuellement."

samedi 10 juillet 2010

Formalisations Lupasciennes

Dans Ombre et Principe d'Antagonisme, nous avons introduit la dialectique de Stéphane Lupasco par le principe d'Antagonisme et découvert le triplet (Actualisé, Tiers Inclus, Potentialisé) où le Tiers Inclus se définit comme l'état mi-Actualisé et mi-Potentialisé ou mieux dit : ni Actualisé et ni Potentialisé. Dans Tiers Inclus, Logique, Ontologique et Amour ?, nous avons formalisé l'axiomatique de la logique du tiers inclus par extension de celle du tiers exclus. Au premier abord, en effet, il s'agit d'un simple retournement exclus/inclus, ce qui induit d'ailleurs nombre de penseurs à déconsidérer les travaux de S. Lupasco (SL) puisque les "jugeant" dans le cadre que ce dernier s'évertuait à agrandir ! Mais ces déconsidérations proviennent essentiellement d'incompréhensions, c'est à dire non d'un manque d'intellect mais bien d'un manque d'intention.
Ensuite, nous constatons que le triplet évoqué plus haut, se couplant avec un évènement quelconque e et son antagoniste non-e, fournit 6 expressions logiques différentes. Ces 6 expressions, SL va d'ailleurs les coupler entre elles logiquement et dynamiquement et aboutir à une Table des déductions "transfinie": sorte d'arborescence de système de système : la systémogénèse lupascienne formalisant la science des systèmes possibles.

vendredi 9 juillet 2010

Singularité et Homogénéité en Champagne : Bollinger

J'ai eu la chance et le plaisir (pour ne pas écrire le privilège) d'être reçu très récemment dans une maison de Champagne familiale mais à la notoriété mondiale : Bollinger ! Sise à Aÿ, près d'Epernay, dans un village très renommé classé Grand Cru (100% sur l'échelle des crus champenois), cette maison fondée en 1829 par Jacques Bollinger est encore propriété de la même famille aujourd'hui.

La maison fait partie du groupe des maisons "moyennes" à l'UMC, elle est cependant propriétaire de 163 ha de vignes (ce qui est considérable en Champagne) qui lui fournissent plus de 60% de ses besoins en raisins, les 40% restants sont achetés auprès de vignerons sélectionnés et suivis d'année en année: au total, 80% des raisins proviennent de vignes classées entre 90 et 100% (premier et grand cru), réparties sur 120 parcelles environ. C'est ici, déjà, sur l'approvisionnement, que Bollinger se distingue car son exigence est élevée (les vignes classées entre 90 et 100% ne représentent en effet que 25% de l'ensemble du vignoble Champenois). Enfin, sa propriété foncière importante lui fournit une relative autonomie et sécurité quant à la qualité des raisins apportés à la cave : 15% de Pinot Meunier, 60% de Pinot Noir et 25% de Chardonnay.
Cette proportion de cépages est celle du vignoble de la maison, mais aussi celle de la totalité des raisins achetés et apportés à la cave et il se trouve que c'est la proportion utilisée pour élaborer le brut non millésimé de la maison : le "Spécial Cuvée" : nous pouvons donc dire, ce qui est rare pour une maison de Champagne (négociante) de cette importance, que sa première cuvée, celle qui signe sa notoriété, respecte complètement le terroir en propriété, à l'instar d'un Propriétaire Récoltant Manipulant.
Enfin, une spécificité mondialement connu du foncier de la maison se trouve à Aÿ, près du siège de la maison, Rue Jules Lobet : deux parcelles plantées de vignes non greffées, "en foule", et travaillées à l'ancienne selon la méthode du provignage. Ainsi, face à elles, nous voyons un ensemble désordonné d'échalas retenant les sarments de l'année : ces deux parcelles ont été plantées en 1960 par Mme Jacques Bollinger ("Lilly"), elles sont donc âgées de 50 ans, mais contrairement à une vigne greffée et palissée, la vigne en provignage ne laisse voir qu'un sarment de l'année n-1 et les sarments de l'année, la souche étant enterrée. Ces vignes sont cultivées de la même manière que nos ancêtres cultivaient avant l'arrivée du phylloxéra en France au XIXè siècle, c'est à dire que non greffées sur pied américain résistant à la maladie, elles y sont sensibles et peuvent être détruites entièrement par cet insecte. Le Pinot Noir issu de ces parcelles est vinifié à part pour élaborer la cuvée très confidentielle de Bollinger : "Les vieilles vignes Françaises".

Environ 120 parcelles de vignes sont donc vendangées tous les ans et vinifiées séparément, soit en cuves inox, soit en "vieilles" barriques de chêne (228 ou 400 litres, certaines datent de plus de 120 ans) selon la qualité, les caractéristiques physico-chimiques du vin "clair" de l'année (vin "de base" issu de la première fermentation alcoolique en Champagne).
Ensuite...débute le grand "jeu" complexe de l'élaboration des différentes cuvées de la maison : l'assemblage de ces 120 vins clairs entre eux. Et là encore, la maison Bollinger se distingue !

Ainsi, chaque année, une bonne partie de la récolte est laissé en élevage, soit en cuves, soit en barriques, pour l'année suivante : ces lots constituent des vins de "réserve".
Une autre petite partie, parmi les grands et premiers crus, est mis en magnum et bouchés liège (avec un quart de dose de liqueur afin d'obtenir une légère fermentation en bouteille (un "quart de mousse") ce qui favorisera le vieillissement ultérieur) pour constituer les "autres" vins de réserve : une singulière (et unique en Champagne) œnothèque de magnums bouchés liège sur latte, originaire d'une centaine de parcelles différentes et vieillissant de 5 à 20 ans ! Le trésor singulier de la maison Bollinger qu'aucune autre maison ne pratique car l'investissement humain et financier est...rédhibitoire !
Enfin, le reste de la récolte est réparti selon les qualités spécifiques de chaque lot pour l'élaboration des cuvées.
Nous nous pencherons juste sur l'assemblage du Spécial Cuvée de Bollinger, tant cette cuvée est singulière dans le monde du champagne des grandes Maisons.


L'objectif "classique" d'un brut sans année pour une maison de champagne est l'obtention annuelle d'un vin aux caractéristiques sinon constantes au moins homogènes au cours des ans. L'objectif est en partant de l'hétérogénéité, d'arriver à l'homogénéité, chaque année. Certains prennent cet objectif à la lettre et confondent parfois la variabilité propre à un produit agricole avec la constance d'un produit manufacturé, certains confondent l'assemblage qui sublime les singularités par l'émergence d'une cuvée complexe avec le "mélange" technique de divers lots pour l'obtention d'un brut sans année et (presque) sans âme.
Mais chez Bollinger, la complexité n'est pas un vain ou vilain mot !
Ainsi, le Spécial Cuvée est élaboré chaque année à partir d'une partie (env. 45 à 48%) de vins de l'année, dont une partie (environ un tiers) est vinifié en barriques, auquel est ajouté la même part de vins de l'année d'avant gardés en réserve (en cuves ou en barriques), enfin, est ajouté une petite part (5 à 10%) de ces fameux vins de réserve gardés en magnums. Le Spécial Cuvée est donc au total composé d'environ 50 à 60% de vins de réserves, dont l'origine provient de 120 parcelles, trente crus et s'étale sur plusieurs millésimes...C'est donc une formidable mosaïque de singularités !
Et pourtant, la qualité principale du Spécial Cuvée n'est pas la somme de toutes ces singularités mais ce qui en émerge pendant ses trois ans minimum de vieillissement sur lattes puis ses trois mois minimum de stockage après dégorgement.
Car la beauté de l'assemblage réalisé par le chef de cave ne se dévoile que trois ans après sa réalisation, il est d'ailleurs coutumier que le chef de cave, prenant ses fonctions, reste accompagné pendant cette durée là par l'ancien "assembleur" en titre afin qu'il puisse prendre conscience pleinement de son travail : travail de transmission donc de mémoire...

Comment retrouver cette complexité à la dégustation de cette cuvée ?
L'exercice prisé par certains dégustateurs très avertis est de tenter de décrire une partie de la somme des singularités qui composent la cuvée, c'est à dire de rattacher des sensations, des arômes, des textures, des goûts, des saveurs précises aux multiples origines du vin. Même le chef "d'orchestre" de la cuvée, en l'espèce le chef de cave, n'y réussit pas totalement puisque son art consiste justement à faire émerger un "tiers" de la somme linéaire des composants, "tiers" émergeant et source de l'homogénéité de goût recherché, année après année. Pourquoi transformer l'hétérogène en homogène, année après année ? En fait, il ne faut pas voir dans cette question un passage binaire entre deux polarités : toute l'hétérogénéité est entièrement contenue dans l'homogénéité de la cuvée assemblée et de même, d'une certaine manière, toute l'homogénéité de l'assemblage est déjà présent potentiellement dans la centaine de vins hétérogènes issus de la centaine de parcelles de vignes hétérogènes.
Dit autrement, en visualisant d'une part les vignes, les raisins, les vins clairs et d'autre part la cuvée assemblée, nous apercevons un système dynamique d'antagonistes dont chaque polarité contient potentiellement l'autre. C'est pourquoi, il est possible, au moins en théorie, par la dégustation de l'une (vins clairs) ou de l'autre (cuvée assemblée) de re-trouver l'autre ou l'une. En pratique, il faut beaucoup déguster, c'est à dire prendre avec soi et expérimenter à la fois (garder en mémoire) chaque singularité, chaque vin et j'imagine que seul Mathieu Kauffmann (chef de cave) en est capable pour la maison Bollinger !
Ainsi, la complexité naît non seulement de l'exposition des singularités, de leurs liaisons entre elles, mais aussi de leur réunion. Prenons comme image une carte heuristique (voir article) : l'ensemble des "branches" est l'ensemble des vins clairs par exemple avec leurs origines diverses, et le cœur de la carte est la cuvée assemblée : ainsi l'ensemble des parties voit le tout et le tout voit l'ensemble des parties : la carte est un modèle de complexité.
Ainsi, lorsque "lire" une carte heuristique revient à "dérouler" séquentiellement des parties de ses branches, déguster une cuvée de Champagne assemblée comme un brut non millésimé, revient à percevoir séquentiellement des parties de ses vins composants. Chaque lecture de la même carte est différente car chaque déroulement séquentiel est unique, ici et maintenant. De même, chaque dégustation est unique car chaque perception sensorielle séquentielle est différente, ici et maintenant.

Voilà comment il est possible aussi d'expérimenter la complexité, la logique du contradictoire, la démarche heuristique, en dégustant "simplement" une flûte d'un merveilleux Champagne !

Je n'ai parlé ici que du Spécial Cuvée de Bollinger mais toutes leurs cuvées sont également singulières et élaborées avec le même sens "homogène" (!) du détail, de la rigueur et de l'exigence d'une certaine tradition au service d'une qualité irréprochable. Ainsi, tous les vins millésimés sont vinifiés en barriques, tirés et bouchés liège, remués sur pupitre à la main après leur temps de vieillissement spécifique (au moins 6 ans et jusqu'à 12 ans pour le RD 1997) et dégorgés manuellement (oui, vous avez bien lu : à la main ! encore en 2010) avant leur expédition. Il ne s'agit pas ici d'une perpétuation d'une "bête" tradition, mais bien de garder vivant des gestes ayant une importance qualitative primordiale et démontrée sur le vin ! Ainsi, le Spécial Cuvée Rosé, non millésimé, est pourtant remué manuellement sur pupitre en bois car la maison a remarqué que cette cuvée avait besoin de ce temps là pour atteindre sa pleine limpidité...

Homogénéité de l'excellence et hétérogénéité des principes  au service d'une magnifique Singularité, en Champagne : c'est Bollinger !


Pour le lecteur souhaitant mieux se familiariser avec la Champagne, je recommande l'excellent site du CIVC.

mercredi 7 juillet 2010

Relience IV

Dans Relience III, nous avons saisis que notre avancée, ici, sur ce blog, n'était pas vraiment linéaire et que les idées, isomorphes à des états mentaux (au sens de F.Martin), c'est à dire à des états psychiques modélisés par des opérateurs quantiques, étaient certainement plus étendues (au sens d'un champ) que localisées. D'ailleurs, le bouddhisme ne transmet il pas que la conscience est une substance non pensante mais "étendue" ? Ainsi la forme du blog, sa séquence, retrace un "temps entropique", une succession d'évènements au moins mentaux, à laquelle nous donnons sens a postériori. Nous postulons, pour notre part, depuis le début de cette écriture, et nous l'avons déjà manifesté dans Utopie et Mensonge, que le déroulement de l'écrit (au moins !) est non seulement poly-chronique (synchronique et diachronique à la fois ?) mais a-chronique et que le sens donné l'est aussi d'emblée, a priori ! Dit autrement, l'écriture séquentielle révèle le déroulement séquentiel d'une globalité déjà existante, une prise avec soi séquentielle, une compréhension donc, d'une complexité existante. Pour reprendre l'image de "l'arbre du réel", ce dernier existe, nous le voyons, nous le savons, il est complexe mais son "image" est pourtant "simple" : c'est un "arbre", quoi ! En revanche, le parcourir, de branches en branches, chercher à le prendre, chercher à l'être, est ardu, long, compliqué parfois, et infini. Le déroulement de ce parcours n'indique qu'un chemin, jamais  il ne rendra compte de "l'arbre" dans sa globalité...

Dans Espace-Temps quantique : la fin du champ ? , nous mettons en évidence, via la théorie de la gravitation quantique à boucles (loop quantum gravity) que l'espace-temps serait une superposition probabiliste continue d'ensembles de quanta. Cette conceptualisation nous rapproche évidemment de la formalisation quantique de la psyché humaine de F. Martin, mais alors que cette dernière est immergée dans une théorie quantique des champs "classique", la théorie de Carlo Rovelli (et collègues) innove en utilisant une nouvelle métrique. La conséquence primordiale de ce choix définit un "nouveau" rapport à l'espace-temps qui devient de facto essentiellement relationnel : il n'existe plus aucun cadre "absolu" dans lequel advient tout phénomène "relatif" à ce cadre.
Dans Espace-Temps quantique et logique de l'inclusion, nous constatons que pour se saisir pleinement du concept de l'espace-temps quantique, il faut le plonger dans une autre logique, celle que nous avons déjà rencontré, celle qui étend l'exclusion à l'inclusion. Ainsi, nous pourrons ultérieurement revenir sur le couplage (isomorphisme ?) opéré par S. Lupasco entre la matière psychique et la matière microphysique : ce couplage se trouvant indubitablement relié à la notion d'espace-temps !

Dans La Déité : une relation au non-ego, nous retrouvons, dans un tout autre domaine de savoirs, la notion clé de mise en relation, de rapport de présence à. Encore une fois, la logique de l'inclusion nous permet de comprendre les paradoxes exposés par F. Midal et nous concluons que bien qu'il soit non suffisant de lire nos interprétations pour "savourer", expérimenter ce qui advient, il est nécessaire cependant de s'en imprégner pour ne pas risquer de passer à côté de vues très riches sur la réalité. Il nous vient par exemple que se servir de ces descriptions (pour décrire la Déité) pour l'intelligence, par simple analogie, peut certainement être source de vues inédites...

Dans Récréation Intime, nous relions justement ce "rapport à ", cette "relience" en fait (au sens de l'article ici), à l'ensemble de la saisie de l'univers qui nous contient et nous l'illustrons par deux conférences "grand public" : l'une sur l'espace-temps par un physicien et l'autre sur la révolution (la rupture) des technologies numériques par un philosophe.

Dans Surdoué : de l'a-normalité à l'heuristique, nous revenons sur le concept d'intelligence en questionnant l'a-normalité sociale du HPI (haut Potentiel Intellectuel). De nombreux articles de Nikos Lygéros nous aident à élaborer peu à peu l'idée d'une démarche heuristique sur cette notion éminemment complexe. Cette heuristique rejoint l'idée déjà entrevue dans "Réveil de la Source", d'échafauder par abduction une hyper-structure génératrice de la "symptomatologie" du HPI.
Dans Consubstantialité et Carte Heuristique, nous nous emparons d'un outil performant pour l'élever au rang de modèle voire de paradigme. Nous concluons que la carte heuristique est aussi "une vue formelle dans une logique du tiers inclus", mais sans l'illustrer ni le démontrer.
Dans Principes Heuristiques, Intelligence et Heuristique, nous illustrons par notre carte heuristique des Principes Heuristiques de Nikos Lygéros, l'algorithme nécessaire et suffisant pour élaborer une ontologique de l'heuristique. Cette dernière, par mise en relation "générique", laisse l'invariant apparaître : l'intelligence ! Alors l'ontologie de l'heuristique devient une ontologie de l'être "intelligent", i.e. de l'intelligence !
Dans Considérations sur les HPI : Universalité et Singularité, nous étudions partiellement diverses sociétés regroupant des THQI et effleurons les critères de classification ayant servi à échafauder la plupart de ces groupes. Ces réflexions débouchent sur une question très ouverte qui nous invite à revenir sur la plupart des "boucles" ou des "branches" mises en avant : "Et si de l'intelligence, nous ne savions encore rien ?"

Dans Bardo : Au delà de la folie : la logique du contradictoire, nous interprétons les notions de bardo et de "monde" par la logique du contradictoire et révélons ainsi une triade lupascienne contenant l'ensemble des 6 possibilités d'être au sein de cette dialectique. Cette triade n'explique rien, elle définit le "point", le "nœud" du canevas de ce paradigme bouddhiste et permet ainsi la saisie de ces concepts pour un occidental, dans une logique ouverte à la dualité, aux extrêmes. Comme la Déité, le bardo (vu de façon duale) est une clé pour s'emparer de ce rapport de présence à ce qui nous entoure/contient...


Ainsi, il devient clair que nos recherches/questions portent sur la saisie de ce qui in fine va nous échapper par ce mouvement : il devient clair que la triade lupascienne (notre interprétation de la logique élaborée par S. Lupasco) définit  notre "point" de vue universel et singulier à la fois sur les flux d'évènements en relation les uns avec les autres. Mais il ne faut pourtant pas croire que ce "point de vue" explicite : il permet juste de saisir en étendant notre "panorama". Or, cette extension de panorama est aussi en mouvement, et par là même nous échappera incessamment : le "point de vue" n'est pas encore expérientiel...

samedi 3 juillet 2010

Méta-Relience I

Dans Relience I, nous avons rapproché les vues de la science physique (essentiellement) avec nos sentiments, nos émotions, nos intentions et volitions, notre amour de l'autre. La science nous amenant in fine à nous attacher ni au temps ni à l'espace (trop imprécis et incertain) tels qu'ils sont définis en tout cas depuis Newton et que chacun "transporte" implicitement dans sa représentation mentale du monde. La science (la physique quantique notamment) nous apporte également la non-séparabilité entre sujet et objet : ces deux dernières vues nous fournissent une conception relationnelle de la réalité et donc relative. Cet état relatif apparait à la fois unique ("une unique réalité" issue d'une unique mesure de nos sens) et multiple : toute relation est en relation avec d'autres, elles mêmes en relation etc...La métaphore est celle de l'arborescence infinie : nous voyons à la fois un "arbre" et à la fois nous sommes cet "arbre".
Comment choisissons nous notre vue de "l'arbre", "à chaque instant" ?
Nous postulons que l'intention, la motivation, le désir permettent ce choix, cette vue. Sans aller plus loin pour le moment.
"Nous ne voyons que ce que nous comprenons", avons nous illustré, c'est à dire, que ce que nous prenons littéralement avec nous, en nous, que ce qui est nous d'une certaine manière. Mais prenons nous tout ? Nous avons illustré que d'une certaine manière, analytique, c'était impossible et hors de portée et dans le même temps, d'une autre manière, synthétique, c'était évident et facile. Ainsi, il n'est pas besoin de comprendre pour savoir...! Mais il est apparu pourtant que pour transmettre ce savoir, il faut une intention, un amour de l'autre et un apprentissage de la représentation du monde donc de la relation.
En fait, déjà, nous voyons les dynamiques existant au sein de la dualité (savoir et compréhension). Ces dynamiques sont nécessaires mais sont elles suffisantes ?

Dans Relience II, nous postulons d'emblée que le réel émerge de ces dynamiques. Il faut nous pencher sur le comment. Nous cherchons dans diverses directions, au sein de diverses branches de "l'arbre" du réel. Cette recherche participe implicitement à l'élaboration d'une heuristique. Ainsi, les branches de "l'arbre" ne sont pas, en soi, fondamentales, mais leurs nœuds, oui ! Une introspection du sujet nous éclaire sur des objets : intelligence et douance, "sagesse indienne", thérapie et systémie, métaphysique quantique, mathématiques...Ces objets éclairent paradoxalement leurs ombres, leurs envers, leurs antagonistes et les relations issues de cet "éclairage" sont à nouveau des dynamiques. Mais nous découvrons alors que ces dynamiques antagonistes, opposées, ne le sont pas vraiment : la complémentarité de l'opposable devient une extension logique à l'exclusion ! C'est la logique de l'inclusion.
Cette dernière a le mérite d'étendre la dialectique tout en compactant sa représentation au sein d'une triade : la complexité d'une carte heuristique peut se tenir entièrement dans un triplet de dynamismes. C'est la logique du Tiers Inclus, du contradictoire et de l'énergie, tant il apparaît que cette compactification est néguentropique.
La triade aperçue fait partie pour B. Nicolescu d'un système ouvert, gödelien et doublement dynamique : un double flux transcendant et immanent à la fois, indéfectiblement ouvert : Transdiciplinaire ! Toute réalité, relationnelle, dynamique, est aussi multi-référentielle.
Ainsi, les dynamiques aperçues dans Relience I deviennent suffisantes dans Relience II. La triade lupascienne est un bon outil relationnel pour saisir et contenir toute relation mise en relation. Pour prendre avec soi, c'est à dire transmettre avec amour et simplicité la complexité du monde...

Désormais, dans Relience III, nous abordons frontalement, c'est à dire avec motivation (!), la nécessaire et suffisante prise du monde grâce au triplet de la logique de l'inclusion. Nous continuons de parcourir, donc de prendre avec nous, les branches de "l'arbre" du réel : féminin/masculin, vie/mort, continuité/discontinuité, champ/quantum, énergie/seuil, vide/plein, normalité/a-normalité, maladie/santé, autisme et malvoyance de l'e-motion, affectif et sens, bardo et méditation...Les états relatifs de Relience I et l'émergence systémique de Relience II sont vus désormais selon la tridialectique lupascienne. Il s'agit pour l'instant non d'une coloration intentionnelle de "l'arbre" du réel (c'est à dire dogmatique) mais bien d'une prise avec soi, d'une compréhension. L'exemple frappant de la démarche d'Alain Connes sur ce dernier concept  justifie notre posture : toute complexité est incompréhensible et insaisissable par son analyse dans un unique niveau de réalité : il faut en saisir le "point" qui non seulement participe à sa construction mais de fait, la contient "toute entièrement"...Dit autrement, toute complexité se relie in fine dans un ou des niveaux de réalité divers à une singularité; tout ensemble de relations dans un réseau se saisit par une information nodale qui relie, contient et définit tout à la fois...


N'aurions nous pas, cependant,  omis, ici, de parler d'intention et de motivation, d'affect et d'amour ? Non, car l'amour comme ouverture indéfectible est implicitement présent. Oui, en effet, car il ne semble pas relié...encore.