A l'écoute : Winter in Venice de Esbjörn Svensson Trio
C'est Catherine Besnard-Péron qui m'a transmis le livre de Cécile Bost : Différence et Souffrance de l'Adulte Surdoué. Il fait partie des rares ouvrages en français qui traitent de ce sujet : j'ai déjà présenté ici l'ouvrage de JSF sur l'adulte surdoué (voir Réveil de la source). D'après CBP, qui par son activité accompagne un grand nombre de personnes "surdoués", du moins concernés par le modèle HQI, HPI , ce que ce "livre apporte est infiniment plus fin et précis que les rares qui le précèdent (hors la production anglophone...)". La principale différence est que son auteure, concernée par le sujet elle même, a écris ici un récit, appuyés par nombre de témoignages, vu de l'intérieur. Car C Bost n'est pas une professionnelle de l'accompagnement, contrairement à JSF, et son livre ne se veut pas un recueil d'une symptomatomatologie clinique, vue de l'extérieur.
Il ne s'agit pas ici de chercher une hyperstructure, au sens de N Lygéros, par une construction d'échafaudages en périphérie mais bien de regarder en son cœur et de ressentir soi même les ressentis exposés. C'est donc en ce sens un voyage exploratoire par l'intérieur que l'auteure propose. Ainsi il n'y a pas vraiment de grille de lecture approprié bien que la rigueur soit de mise aussi bien pour la recherche d'informations (essentiellement en anglais) que pour sa sélection, mais j'oserais écrire que c'est plus un ouvrage "cerveau droit" que "cerveau gauche" : les résonances sont plus essentielles semble t il que les formalismes au sens strict. De ce point de vue, il va certainement plus au cœur de l'heuristique déployée et laisse entrevoir à chacun une complexité singulière : la sienne !
C'est en ce sens, me semble t il, que CBP écrit : "Autant beaucoup peuvent se reconnaitre dans le livre très populaire de Jeanne-Siaud-Facchin, autant celui-ci ne laisse passer dans ses mailles que les profils qui résonnent vraiment sur le même vibrato." Car, autant la lumière (et médiatique également) peut venir éclairer l'ouvrage de JSF, autant c'est la vibration (la "lumière" au sens large) émise par le lecteur qui confère à la lecture du livre de C Bost, son expérience validante ou non pour le modèle décrit : le surdon, la douance.
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Il y a un aspect plus intime pour le lecteur concerné, dans ces pages: cela dérange, cela remue, cela peut tordre, car il s'agit d'expériences rapportées, parfois banales, quotidiennes mais rarement anodines. Il m'a permis pour ma part de prendre avec moi, concomitamment à des expériences nouvelles, les concepts d'hypersensibilité et hyperstimulabilité, alors qu'auparavant ces notions n'étaient pas raccordées à des sensations kinesthésiques. D'une certaine manière, là encore, une accumulation d'informations "nouvelles" qui à partir d'un seuil, engendrent un saut de pertinence, pour le système de la psyché (conscience+inconscience) ET du corps (en conférant ici à une métaphysique dualiste et informationnelle). Car il ne s'agit pas seulement d'expériences ni de réception d'informations mais d'intégration, vue ici comme une émergence, une tension ouverte et non, selon Hegel, comme une dissolution. Le paramètre essentiel à prendre en compte ici est le temps, ou plus exactement le flux d'informations issu des états d'un système, c'est à dire le temps psychique, perçu, ressenti par le lecteur-observateur-expérienceur. L'intégration, par rapport au temps, est concomitante lorsque la dissolution décrit une séquence linéaire.
Les deux "mouvements" contiennent chacun une discontinuité informationnelle mais en opposition : elle est "verticale" pour l'intégration quand elle est "horizontale" pour la dissolution. L'intégration, ici, suppose un modèle non "systémique" (qui reste "horizontal") de Lupasco-Nicolescu (Tiers Inclus ET Niveau de Réalité), modèle ou plutôt méta-modèle infiniment ouvert. Ainsi, et tout un chacun peut le percevoir, l'intégration peut être un "voyage" infini sur l'ontologie de l'être, voire même selon N Lygéros, sa téléologie, quand la dissolution semble proposer une fermeture plus binaire !
Ici, j'oppose donc un chemin ouvert par l'intérieur et un chemin fermé par l'extérieur : les deux vues sont évidemment complémentaires, tout ouvert étant séparé d'un autre par un fermé !
Les deux livres ici proposés sont deux vues complémentaires d'un concept en train de se construire, et notamment au sujet des adultes.
Il existe un dernier point qui semble discriminant entre les deux ouvrages : la complexité explorée et ressentie par le lecteur sur le concept-modèle du HPI. Elle dérive de mes considérations exposées plus haut : tout concept de complexité étant par nature (voir Edgar Morin par exemple) assis ou plongé dans une métaphysique "ouverte" et non "fermée". La notion de complexité est ici vue comme un invariant c'est à dire qu'elle s'adapte à toute structure "ouverte" : elle serait peut être en fait un invariant structurel car reposant en réalité entièrement sur du "relationnel".
La question se pose alors : l'ouvrage de C Bost expose t il un concept de HPI plus complexe que celui échafaudé par le livre de JSF ?
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