lundi 4 octobre 2010

Relience V


Dans Relience IV, je constate que le "point" ou la "vue" générique pour nous saisir de l'univers est analogue à une "boucle", à une "mise en relation relationnelle", c'est à dire elle-même "en relation à", soit au final à "une relation à la relation". Pour que cette relation à la relation soit générique, il est nécessaire d'étudier comment différents modèles de saisie de savoirs deviennent opérants chacun dans leur domaine. Cela définit la multi-disciplinarité. Depuis le début et sûrement car c'est un langage-symbole qui m'est plus familier, je me sers ici plus fréquemment de modèles mathématiques ou issus de la physique. Les derniers offrent l'avantage d'être par définition ad hoc pour ce genre d'exploration. En revanche, ici, il n'est point question d'objets physiques ou mathématiques proprement dit mais plutôt de la relation que tout à chacun est susceptible d'entretenir avec eux. Quel est donc la nature générique de cette relation ? Il me semble qu'elle est informationnelle. Ainsi la relation à la relation serait de l'information. Cette notion transverse permettrait ainsi d'établir des passerelles "logiques" entre différents systèmes organisant des faits ("évènements"). Ainsi, la relation à la multi-disciplinarité serait une notion transverse. N'est ce point comme cela que B. Nicolescu définit d'ailleurs la Trans-Disciplinarité ? 

Dans Singularité et Homogénéité en Champagne, je rends hommage à un métier et une fonction passionnante : maitre de cave en Champagne. Cette fonction est analogue à celle du "nez" dans la parfumerie ou à toute fonction qui nécessite d'assembler une diversité hétérogène en une unité homogène mais complexe. En ce sens, assembler une cuvée de brut sans année chez Bollinger revient à une individuation : rendre indivisible une diversité, voire même, rendre visible unitairement une multitude non visible d'emblée. S'agirait il d'une ontologie ?

Dans Formalisations Lupasciennes, je condense la systémogénèse de S.Lupasco, en tant que science des systèmes possibles, en une formule concise, sorte de suite "transfinie" d'un triplet "d'opérateurs" (lupasciens) dont la nature mathématique exacte resterait à définir. Il est possible néanmoins que cette suite va formaliser la relation à la relation générique (car objectivée n fois ?) et in fine l'information elle-même. 

Dans Monde des Dieux et Asuras.., je décris précisément deux états (sur 6) du système informationnel "lupascien" décrivant le "bardo" du bouddhisme tibétain. Chogyam Trungpa avait certainement réussi le tour de force en explicitant ce concept essentiel en séminaires, de transmettre l'idée de multiples doubles flux antagonistes fonctionnant en cycles ("boucles"), image cependant passée complètement inaperçue à l'époque selon moi. Ces deux premiers états pointent deux antagonismes : Dieux et non Dieux, comme les deux états opposés les plus "énergétiques"(les plus subtiles)  du système global. Le lien avec la lumière (au sens d'énergie électromagnétique) est "naturelle" pour le monde des dieux et des asuras, énergie dont la potentialisation et l'actualisation prend sa source dans le vide quantique, énergie dont la nature est duale, soit onde, soit particule.
Ces deux premiers états mettent également en relation la "folie" (divers états mentaux comme la paranoïa, la schizophrénie..) et l'égo avec le non-égo (le soi et le non-soi). Notre relation d'occidental avec ces concepts devrait ainsi être mis en relation....


Dans Austime : le complexe Systemizing/Empathising..., je m'intéresse à nouveau aux TSA par les modèles développés par l'équipe de S. Baron-Cohen : de la "bonne" science appliquée statistique et probabilitaire ! Ces modèles et ces Quotients élaborés pour décrire les TSA ont l'avantage par rapport à d'autres de proposer une unité c'est à dire une réduction avec son complémentaire : ainsi SQ est le complémentaire de EQ, ce qui se traduit pour l'individu atteint de TSA à considérer aussi bien ses "forces" que ses "faiblesses". D'autre part, S. Baron-Cohen a proposé l'équation linéaire reliant AQ (le quotient "synthétique" déterminant la "gravité" des troubles TSA) aux deux facteurs co-variants EQ et SQ. Ces modèles doivent être vus comme une mesure de la potentialisation de la maladie, son actualisation devant toujours être mesurée par les outils classiques de psychanalyse en face à face avec le patient. Ainsi, en ce sens, l'information reçue par ces modèles dépasse la simple frontière malade/non-malade ou "normal/a-normal", malgré la réduction proposée d'emblée sur des axes linéaires, car faire soi-même ces tests, c'est aussi se saisir de la "proximité" pertinente (ou proxémie signifiante) avec les personnes diagnostiquées pour l'Autisme et cela "nourrit" la relation à la relation avec ces êtres...


Dans La théorie E/S : vade-mecum pour AQ , je propose un "digest" avec tout ce qu'il faut savoir sur les tests-modèles développés précédemment, pour se situer soi-même sur ces axes de connaissances liés à l'autisme. Cela complète aussi une approche périphérique de la mesure de l'intelligence, comme nous l'avions évoqué précédemment dans plusieurs articles sur ce blog, et ce, bien que S. Baron-Cohen ne se soit pas encore saisi d'une étude sur les liens statistiques entre QI et AQ par exemple.


Dans Paul Klee : précis de mécanique plastique, je rapporte ma "découverte" de l'œuvre de Paul Klee grâce à mon regard sur son regard (photo de lui prise en 1929 à Bethany), quelques œuvres de lui scrutées à l'Orangerie à Paris en juillet 2010 et par quelques-uns de ses écrits parmi les plus connus. Ainsi, la finalité n'est pas ici de regarder les peintures de cet artiste inventif et prolifique, mais de se saisir du regard qu'il portait lui-même non  sur ses œuvres terminées mais sur ses créations en train de se faire. Etre le regard n'est pas être le peintre mais seulement se relier à sa relation avec sa création. Seule cette relation à la relation permet à chacun de voir et de comprendre...


Dans L'Amour La solitude partie A : je me glisse presque effrontément (?) dans un "dialogue épistolaire" du philosophe André Conte-Sponville avec un de ses amis pour produire une co-ré-écriture, une co-re-lecture d'une partie de son ouvrage. J'y convoque d'autres sages et/ou philosophes en acceptant aussi de me livrer sur ces deux "sujets" universels. Une vue à la fois centrée et dé-centrée...


Dans Baguenauder dans la visualisation de la complexité , je rapporte comment le travail d'un étudiant génial en design peut nous permettre d'élargir notre "vision" de la complexité et in fine de nous fournir de nouveaux modèles visuels génériques à notre prise du monde, à notre "vue" sur le Réel que je formalise pour l'occasion par une "méta^n vue", c'est à dire...une boucle relationnelle, une relation à la relation générique...Nous avons vu ici que cela semble avoir un lien avec notre relation à l'information...!


Dans Partir & Revenir : un paradigme du seuil , j'expose comment mes humeurs à l'approche des vacances peut nous fournir une illustration lupascienne de la phase liminaire de A. Van Gennep. En retour, par réciprocité informationnelle, il est plaisant de constater que l'information ainsi obtenue fournit une pertinence nouvelle à notre compréhension du Tiers Inclus. L'exercice illustré par ce billet "d'humeur" propose ainsi de montrer comment la relation à la relation (informationnelle) dans un "statut" de réciprocité engendre non pas la nouveauté au sens strict mais la...pertinence. L'état informationnel d'un système-objet en réciprocité avec son système-sujet (observateur) permet de fournir le sens. Il nous reste à déterminer génériquement de quelle manière...


Relience V semble proposer une rupture épistémologique à cette "quête" de la réunion et de la transmission de savoirs issue d'une singularité. Il est délicat d'y proposer déjà un sens. En revanche, il est dans mon intention de laisser ce canal ouvert. Sans doute plus que jamais...


Je remercie ici le lecteur visible ou invisible qui, par son intention de lecture, au moins, contribue, même inconsciemment, à enrichir cette vue. Et oui, je crois aussi à l'intention inconsciente, au sens jungien plutôt que freudien il me semble d'ailleurs !!!

3 commentaires:

Le Passeur a dit…

Le plus complexe est de trouver un mode de communication, une grille de lecture, qui participe de la communion et nous permette de nous enrichir.
On voit bien là que ce qui vous parle me contraint parfois à un effort de relecture ou de traduction et l'inverse est très certainement vrai. Je pense à l'effort de communication des professionnels de santé mentale pour entendre quelque chose de l'autre qui souffre (la littérature est riche du sujet) engendre une gymnastique qui ouvre sur l'autre communiquant et en recherche d'échange. Après peut importe la grille de lecture, l'entretien, oral de préférence car il permet d'allier tous les modes de communications non verbaux et est donc plus riche, permet la rencontre qui est je pense la dernière grande aventure de l'humanité.
Je suis souvent confronté aux scientifiques professionnellement mais la lecture de votre blog m'aide à trouver des clés pour rencontrer l'autre...Merci.

Laurent LAVIGNE a dit…

Oui, la complexité est liée à la communication sans aucun doute. Vouloir communiquer au-delà des modèles de chacun est me semble t il soit vouloir emprunter tous les modèles, toutes les lunettes de vue sur le monde, soit y renoncer et se laisser aller, s'abandonner à la rencontre de l'autre.
Or rencontrer l'autre, ce n'est pas s'adapter au plus petit dénominateur commun entre soi et lui. Echanger est une "torsion" selon moi, passer à travers un seuil qui inverse : chacun en sort trans-formé : l'un par l'autre et l'autre par l'un...
Je suis très honoré que vous puissiez trouver,ici, des "clés" pour vos propres rencontres.
Mais ne doutez pas, un seul instant, que vos propres écrits ne participent pas à la réflexion et à l'action d'autres humains...
Nous sommes tous reliés, non ?

Le Passeur a dit…

Oui, j'en suis convaincu...de cette "relience", et de la nécessité de ne pas ériger le plus petit dénominateur commun en absolu, tout le monde a à y perdre. Sortir de la tolérence pour accéder au respect de l'autre dans sa diversité. Rester curieux de l'autre, dans l'humilité et l'indulgence...je crois qu'il y a decelà dans ma démarche.