L'autre jour, j'ai passé plusieurs heures à écrire un message pour ce blog. Je suis arrivé à une impasse, très frustrante. Sentiment brouillon d'un amas incompréhensible pour une transmission d'une image mentale complexe extrêmement claire dans mon esprit. Sentiment de ne pas avoir pris le bon angle de transmission : la grille de lecture issue de la Théorie Quantique des Champs. Prise de conscience que la réalité, ce sentiment, cette émotion forte attachée à cette image mentale, restait inatteignable, tout du moins non "reliable" par les signes à ma disposition à ces instants là de ma transmission, de mon écriture.
Je ne me souviens plus comment, à la fin de cette journée désormais frustrante, je croise des liens qui m'amènent à Alain Connes. A une vidéo sur Arte.tv qui transmet un long interview de ce mathématicien de génie. Et là, en l'écoutant parler de ses travaux sur le modèle standard (Physique des Particules), je saisis une phrase qui tend à m'apaiser : (en résumé) : "Certains problèmes mathématiques sont tellement complexes qu’il serait décourageant de tenter de les aborder de front." Alain Connes parle en l'espèce de la "phrase" mathématique (équation) qui décrit le modèle standard : phrase composée de dizaines et de dizaines de termes qui bout à bout forme un complexe incompréhensible. Pour lui, comprendre cette complexité c'est la dissoudre entièrement dans une phrase ou mieux un mot, un signe simple. Ce signe que l'on saisit alors simplement permet d'avancer ensuite dans la recherche. Trouver ce signe, c'est saisir la complexité, la prendre avec soi.
Cette démarche pourrait se résumer selon une injonction populaire à : "Prends du recul !" Certes. Cette injonction est sans doute là pour nous faire saisir que tous, nous tous, pouvons comprendre la complexité du monde qui nous entoure mais qu'il ne faut pas se décourager devant l'ampleur de l'effort à déployer. Car trouver la simplicité demande de l'effort !
La complexité est en chacun de nous, l'effort à fournir dans notre vie n'est donc pas de la chercher mais bien de la transmettre simplement.
L'erreur commune de la plupart est de confondre alors simple et réducteur. Identité et Diversité. Réalité et Signe.
Rester conscient que le signe nous ouvre à la réalité mais ne la circonscrit jamais.
Cette ouverture déploie le monde qui nous contient, cette ouverture est le monde qui nous contient.
Cette ouverture est irréversible et c'est pourquoi nous ressentons cette ouverture : nous nommons ce ressenti le "temps". Non pas le temps unidimensionel de la physique qui n'a in fine aucune consistance mais l'unique qui vaille, celui que nous ressentons, tous, dans notre chair comme dans notre psychisme.
Il est amusant de noter que dans cette perturbation de l'écriture se niche une perturbation, infime mais essentielle, de ma représentation "physique" du monde. Je voulais en l'espèce utiliser les concepts de champs quantique et notamment ceux issus de la Théorie Electrofaible et ceux de la Chromodynamique Quantique pour tenter une représentation de l'observateur (ayant conscience de lui-même) dans l'espace/environnement qui l'entoure et le contient. Vaste sujet...J'ai bloqué et Alain Connes est "venu" à mon secours ! Comment ? Par sa réflexion et sa représentation mathématique, sa métaphysique en quelque sorte, issue de ses travaux en Géométrie Non-Commutative.
Alain Connes m'a fait comprendre ici que l'espace-temps du physicien qui hante ma représentation du "monde" est issu uniquement de l'interaction électromagnétique (la "lumière")(Travaux de Poincarré, Einstein, Minkowski) mais que, depuis (!), il fallait bien y intégrer les interactions faibles et fortes pour aboutir à un modèle d'espace-temps non-commutatif. Comme je n'ai point encore la maitrise des concepts issus de ce modèle, il m'est apparu tout d'un coup fort logique que je ne puisse pas transmettre, avec ma sémiologie actuelle, la complexité dont l'image mentale me tourmente ! CQFD.
Bon, au travail alors !
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